Wacom à la rescousse pour valider une app sur l’iTunes Store

Dans ce billet, je vous explique comment j’ai du modifier des travaux afin qu’une app de Bd soit validée par le « jury » de l’iTunes Store. Il s’agit de la 1er app de la série Femmes Hantées que vous trouvez sur l’App Store d’Apple, compatible pour iPhone et iPad surtout. Pour se la procurer, cliquez sur le lien : http://itunes.apple.com/fr/app/femmes-hantees/id375134495

Pour ceux qui ne savent comment, on propose une app sur l’ITS. Il suffit de s’inscrire pour être développeur (et payer). Puis vous réalisez votre app avec Xcode et vous arrivez à l’étape de proposition. Vous avez donc un numéro d’app; vous créez un profil de distribution sur Xcode et dans le site Apple Dev, vous présentez votre app (descriptions, images, etc…), mais surtout vous répondez à des questions sous forme de checkbox à cocher. Ces questions portent sur le contenu : violence, sexualité, drogue… Des questions très américaines sur le niveau de Graphic/explicit sexual content. Pour mes apps, je mets le niveau le plus élevé (donc interdit au moins de 17 ans ou 18, …’sais plus…), mais je suis toujours refusé au premier tour. C’est comme ça. Donc je suis obligé de gommer les éléments qui posent problème. En général, la représentation d’un entre-jambe, d’un téton, etc… Vous avez un n’° de follow-up, comme tout problème administratif et vous avez finalement un vrai interlocuteur par mail (il ne s’agit pas d’un bot). La personne vous indique tout ce qui ne passe pas et puis vous envoyez le futur contenu avec le changement. Si elle valide, c’est ok pour uploader votre app. Cela s’est passé ainsi pour moi et FH#1.

Le problème, c’est que sur Femmes Hantées 1, les trois quart des images étaient à modifier, vu que le personnage est nu de la 1er à la dernière image. Première possibilité : tout pixellisé, c’est à dire à chaque partie intime, je plaçais un filtre mosaïque de Photoshop dessus… Comme les videos japonaises, me souffle le petit Prince… Problème de cette démarche, tout était pixellisé et on se serait cru dans un jeu video des années 80.

J’ai donc décidé de jouer les braghettones. C’est quoi, un braghettone? Vous devinez que braghettone, cela fait pensez à braguette. Vous y êtes presque, braghe signifie caleçon . Donc braghettone signifie « faiseur de caleçon ». Sous la Renaissance, des peintres étaient payés pour cacher les nudités de fresque. Le plus célèbre était Daniele da Volterra qui ajouté des voiles aux corps nus du Jugement Dernier de Micheol Angelo di Buonarroti dans la chapelle Sixtine.  Pour revenir à ma production, j’ai donc décidé de voiler toutes les parties intimes. C’est intéressant, car cela permet de travailler les drapés (on pense à Leonardo da Vinci pour sa série des drapés) et les voiles qui dévoilent (on pense aux madones de Rafaello Sanzio).

Le challenge était aussi sympa, car les travaux originaux avaient été réalisés aux crayons (6B- du bon gras- pas de mine de plomb) sur papier C à grain. Puis j’avais gratté au cutter. Les contours de la page ont été peints à l’encre de Chine. Les textes sont des collages de papier de textes imprimés avec les 1er machines à écrire munies d’un écran numérique (c’était une Olivetti pour moi). J’ai juste ajouté du noir au feutre entre les lettres et j’ai découpé le tout. Je devais donc à l’ordinateur retoucher toutes les images en ajoutant des drapés en imitant la technique traditionnelle originale. Jadis, j’aurais fait cela avec Painter de Corel, car on retrouve toutes les imitations des outils traditionnels, mais je l’ai réalisé sur Photoshop car le nouveau moteur de rendu de la suite Cs4 d’Adobe était parfait et j’ai utilisé mes brosses personnelles.

Autre soucis, le travail original réalisé sur une feuille A3 avait perdu du contraste. Même si j’avais bombé avec un fixatif, le crayon était parti; les noirs étaient devenus gris foncés et les blancs étaient devenus gris clairs. Après avoir scanné ma page, comme on peut voir ci-dessous, tout était grisé. Au lieu de jouer sous Photoshop le slide du Contraste ou d’utiliser les Niveaux ou Courbes avec les pipettes Noir&gris souris&Blanc, j’ai préféré utiliser les outils de Densité + et – (Dodge et Burn), pour brûler mes zones sombres et éclaircir mes zones claires. J’ai donc réalisé cela au stylet (les souris dégagent déjà à ce stade) et ainsi, j’ai mis en valeur les zones les plus importantes. Par exemple, le corps est retouché, pas l’arrière plan. C’est une méthode classique, voir neo classique; c’est que faisait déjà Jacques Louis David.

Les rehauts réalisés, il faut maintenant devenir un bon braghettone, pour obtenir le résultats ci-dessous, c’est à dire passer d’un corps dénudé à un corps voilé, sans que cela fasse trop retouche ordinateur, tout en gardant le potentiel de la nudité. Bâcher est anti-art.

Pour cela, j’ai repris mes brosses pour Photoshop que vous pouvez récupérer dans la page des Téléchargements. J’en ai utilisé trois exactement, qui imitent le tracé au crayon, le grattage au cutter et le tracé d’un crayon sur un papier gratté. J’ai changé des paramètres originaux pour obtenir ce que je voulais. Je travaille sur du noir sur blanc.

Dessin par Vincenwoo >>>

J’ai procédé en 2 étapes avec 2 nouveaux calques. Le calque fond est l’image originale rehaussée avec les outils Densité. Le calque 1 affiche des tracés grossiers, puis je peaufine avec un trait plus précis sur un calque 2. Je travaille avec du noir mais aussi avec un trait blanc. Mes retouches ne s’arrête pas seulement aux drapés, mais tout le corps est retravaillé dans son entier.

Au final, cela donne un rendu assez cohérent, si on ne change pas de manière à chaque image. Il faut être discipliné pour obtenir une technique neutre qui fonctionne sur toutes les images.

Lorsque tout a été fini, j’ai donc réalisé un PDF avec les modifications que j’ai envoyé à mon interlocuteur Apple (une personne adorable d’ailleurs… Une femme… À W&mP, on blague tout de suite, donc on attire la sympathie. Puis de toute façon, dès que on a l’étiquette artiste et français, on a une sorte d’aura, donc tout se passe bien lol ). J’avais appelé le PDF, Changes, en référence à la chanson de Bowie. 🙂

…
Changes par Bowie pour finir.