Étonnant

NO disegNO

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Je lance un coup de gueule! Vince (qui n’est pas designer, pourtant il fait webdesigner à ses heures trouvées) et le petit Prince (qui s’en fiche) ne font rien, donc je me dois de faire un appel. L’INSEE veut bannir le mot Design. En effet, je vous fais copier-coller ci-dessous du texte d’intro de François Caspar d’action AFD + une partie du texte. Le post entier est à lire à ce lien : http://www.alliance-francaise-des-designers.org/blog/2010/09/26/designers-designeuses.html

—- François Caspar d’action AFD

Designers et designeuses, en France, bientôt vous n’existerez plus !

L’Insee souhaite supprimer les termes design et designers de la NAF 74.10. En un tour de stylo, c’est la suppression pure et simple d’un mot du vocabulaire de l’économie, de l’industrie et de la culture d’une profession, c’est l’anéantissement d’années de travail pour donner la visibilité qu’elle mérite à une profession. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux économiques nationaux et mondiaux et d’une vision politique d’avenir !

Aidez-nous à défendre l’intitulé de votre métier : signez la lettre de soutien à l’AFD pour exiger le maintien de DESIGN et DESIGNER !  (…)

Début mai 2010, nous avons connaissance par hasard d’un projet de remplacement dans la NAF du termedesigner par concepteur. Par exemple, Designer graphique redeviendrait Concepteur graphiqueDesignerdeviendrait Concepteur de modèles, Activités spécialisées de design deviendrait Activités de conception de modèlesWeb design et le champ du design numérique et du design d’interaction ne feraient même plus partie du design ! Retour à la case départ…

Nous n’avons pas été informés de ce projet de modification. Il est pourtant du devoir de l’Insee de consulter les organisations professionnelles dont dépend l’activité. L’Insee s’était d’ailleurs engagé à consulter l’AFD lors d’un rendez-vous en juin 2007.

Notre étonnement est communiqué à l’Insee fin mai, avec la liste des problèmes et des confusions provoqués par cette nouvelle terminologie — la suppression pure et simple du terme “Design” ! Nous sommes en septembre, il semble que la mesure du problème n’ait pas été pesée par l’Insee à ce jour.

Utiliser « concepteur de modèles » rappelle le droit de la propriété intellectuelle, mais le substituer àdesigner relève d’une traduction littérale maladroite qui montre une méconnaissance des métiers du design par son auteur et son administration. En un tour de stylo, c’est la suppression pure et simple d’un mot du vocabulaire de l’économie, de l’industrie et de la culture d’une profession qui pèserait en France, comme c’est le cas en Allemagne, près de 7 milliards de chiffre d’affaires ! (Source Beda.) C’est l’anéantissement d’années de travail pour donner la visibilité qu’elle mérite à une profession, notamment par des professionnels du design. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux économiques nationaux et mondiaux et d’une vision politique d’avenir.

La Commission européenne est d’ailleurs en désaccord avec l’Insee, et, aucun des pays francophones que nous avons consultés (Belgique, Suisse, Canada…) ne veulent de cette francisation mal placée. Ce serait oublier que le mot design a une étymologie latine* : designo, qui signifie dessiner à dessein. Le dessin étant une projection de l’idée produite par l’esprit. Designer est certes un anglicisme, mais adopté dans toutes les langues, parfois réorthographié, parce qu’aucun autre mot ne peut exprimer aussi bien la complexité du processus de création appliquée du professionnel du design, qui va bien au-delà du « concevoir ». Le Robert, dictionnaire historique de la langue française dit même de designer : « emprunté à l’anglais (design) en 1959, ce mot vient du français dessein, qui signifie à la fois dessin et but jusqu’au XVIIe siècle… »

Aujourd’hui le monde entier utilise le mot design, il est devenu universel parce que sa pratique et ses enjeux le sont. (…)

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Quant à l’origine du mot « design », dans le site de l’AFD, il cite une origine non pas anglaise mais bien française. J’ai demandé à Vince (qui a fait de longue d’étude d’art, d’esthétique, de science de l’art, etc…) et il m’a dirigé vers les italiens maniéristes avec le disegno interno et externo des Zuccari qui sont traduit respectivement en français par  le dessein et le dessin.

En cherchant sur le web, je suis tombé sur un texte de Jacqueline Lichtenstein qui synthétise tout l’origine du mot Design à cette adresse (Vince avait vu juste): http://robert.bvdep.com/public/vep/Pages_HTML/DISEGNO.HTM.

Extraits :

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Au XVIIe siècle, ce que nous appelons le  c’est-à-dire cette partie de la peinture qui s’oppose à la  est toujours orthographié « dessein », parfois même « desseing ». Dérivé de l’italien  conserve dans la langue classique toute la richesse sémantique du mot italien.  le définit ainsi dans son Dictionnaire (1690) : « projet, entreprise, intention. Est aussi la pensée qu’on a dans l’imagination de l’ordre, de la distribution et de la construction d’un tableau, d’un poème, d’un livre, d’un bâtiment. Se dit aussi en peinture de ces images ou tableaux qui sont sans couleurs. » Or, il ne s’agit pas ici d’une homonymie. Lorsqu’il se dit en peinture, dessein signifie quelque chose de plus mais non pas de différent. S’il a un usage spécialisé, il ne cesse pas pour autant de signifier le  ou l’ Le mot exprime ici de la manière la plus explicite ce qu’est la chose pour un artiste, un théoricien de l’art ou un amateur du XVIIe siècle. Il implique une certaine manière de penser le dessin comme étant toujours la réalisation d’un dessein, c’est-à-dire d’un projet intellectuel. Le mot dessin qu’on allait lui substituer un siècle plus tard a une signification beaucoup plus étroite, réduite au seul sens donné en dernier par Furetière. Il ne dit plus qu’il existe une relation nécessaire entre le dessin et la pensée. La perte d’une lettre ne s’accompagne donc pas seulement d’un appauvrissement de sens. Elle correspond à une véritable mutation sémantique qui implique une tout autre conception du dessin que celle qui avait été reprise par les Français aux Italiens. Depuis que dessein est devenu dessin, le disegno n’a plus d’équivalent en notre langue. Il faut désormais plusieurs mots pour dire ce qu’un seul mot français, fidèle à l’italien, disait au XVIIe siècle en plusieurs sens. C’est pourquoi la modernisation de l’orthographe dans l’édition des textes français sur l’art du XVIIe n’est pas sans produire de graves effets de contresens. (…)

Le « » À la Renaissance

A. et représentation mentale

a bien à la Renaissance le sens courant de  comme chez  qui distingue entre plusieurs sortes de disegni correspondant chacun à un modo di disegnare (Discorso sopra l’arte del disegno, in P. Barocchi, VIII, p. 1929). Mais, comme disegnare, qui signifie à la fois dessiner et projeter un plan, disegno inscrit le dessin dans une configuration particulière constituée par un double réseau de significations qui s’entrecroisent. Disegno est en quelque sorte un terme topique qui nomme le lieu de cet enchevêtrement. Pour dire le dessin en tant que ligne, tracé, contour, les théoriciens utilisent d’autres termes, et notamment celui de  qu’on rencontre par exemple dans le Della Pittura d’ Dans la première version de son traité, publiée en latin, Alberti écrit : « Nam est circumscriptio aliud nihil quam fimbriarum notati [la circonscription n’est rien d’autre que la notation des contours] » (De Pictura, trad. fr. J.-L. Scheffer, p. 147).Lorsqu’il adapte peu après son texte en langue vulgaire, Alberti traduit  par  — « la circoncrizione é non altro che disegnamento dell’orlo » —, que l’anglais traduit par : « Circumscription is nothing but the drawing of the outline » (Della Pittura, trad. angl. J.R. Spencer, p. 68). Le disegno n’est donc pas la circonscrizione, ni la  ni l’ même s’il implique tout cela. Il n’est pas dessin au sens de 

rapporte le  à un tout autre champ de signification que celui auquel le rattachent ses caractères proprement physiques. Il signifie le dessin en tant qu’expression d’une  d’une  présente à l’ ou à l’ de l’artiste. C’est ainsi que le définit 

« Celui-ci est comme la forme (forma) ou idée (idea) de tous les objets de la nature, toujours originale dans ses mesures. Qu’il s’agisse du corps humain ou de celui des animaux, de plantes ou d’édifices, de sculpture ou de peinture, on saisit la relation du tout aux parties, des parties entre elles et avec le tout. De cette appréhension (cognizione) se forme un concept (concetto), une raison (giudizio), engendrée dans l’esprit (mente) par l’objet, dont l’expression manuelle se nomme dessin (disegno). Celui-ci est donc l’expression sensible, la formulation explicite d’une notion intérieure à l’esprit ou mentalement imaginée par d’autres et élaborée en idée (si pu conchiudere che esso disegno altro non sia che una apparente espressione e dichiarazione del concetto che si ha nell’animo, e di quello che altri si è nella mente imaginato e fabricato nell’idea.) » (Le Vite de’ più eccelenti pittori, scultori et architettori, in P. Barocchi, p. 1912, trad. fr. in A. Chastel (dir.), Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, t. 1, p. 149).

En rattachant  à  à  et surtout à  ce texte illustre la manière dont la Renaissance a su utiliser des catégories héritées de la tradition rhétorique et, à travers elle, de la philosophie d’ pour élaborer une nouvelle Comme l’a montré  le sens d’idea chez les théoriciens de l’art résulte d’une transformation de l’ en  qui a sa source dans ce texte De l’orateur où  définit l’ platonicienne comme une  un intérieur prééexistant à toute réalisation et venant l’informer :

« De même donc que dans les formes (formis) et les figures (figuris) il y a quelque chose de parfait et d’excellent que nous ne voyons qu’en imagination et à quoi nous nous référons pour imiter ce dont le propre est d’échapper à notre regard, de même il y a une image (speciem) de l’éloquence parfaite que nous voyons en esprit et dont nos oreilles attendent le reflet. Ce sont ces modèles des choses (rerum formas) qu’appelle “ idées ” (ἰδέαὖ) le garant et le maître le plus profond non seulement de la spéculation intellectuelle, mais aussi de l’expression, Platon » (L’Orateur, III, 10, trad. A. Yon, p. 4).

C’est bien ainsi que  définit l’ juste avant de citer ce même passage de Cicéron :

« L’idée du peintre et du sculpteur est ce modèle parfait et excellent dans l’esprit auquel ressemblent les choses qui sont devant nos yeux parce qu’elles en imitent la forme imaginée [Idea del Pittore et scultore é quel perfetto ed eccellente esempio della mente, alla cui immaginata forma imitando si rassomigliano le cose, che dadono sotto la vista] » (Idea del Pittore, trad. fr. F. Magne, in Lichtenstein [dir.], p. 163).(…)

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Vince m’indique un livre bien sympa de Lichtenstein qui fait un inventaire des théories de l’art (beau, dessin, etc…) en éditant les extraits de texte les plus significatifs. Il me précise que c’est pratique pour se remémorer un peu tout : La Peinture. Textes essentiels (sous la direction de Jacqueline Lichenstein). Edition Larousse.

Voilà, j’espère que vous signerez la pétition!

Designers :http://www.alliance-francaise-des-designers.org/soutien.html
No designer : http://www.alliance-francaise-des-designers.org/solidaires.html

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